Sainte Christine. La jeune vierge tient à la main la palme du martyre; des perles de corail, un ruban de gaze artistement roulés dans sa chevelure blonde accompagnent gracieusement son charmant visage, sur lequel sont répandues toutes les grâces qui n'appartiennent qu'à l'innocence. Sur la robe rose de la sainte, qui est vue à mi-corps, deux rangs de perles, aussi de corail, viennent se réunir et s'attacher sur sa poitrine, au-dessous d'un ruban noir qui borde son corsage, sur lequel est brodé, outre de petits ornements de bon goût, la signature du maître ainsi conçue: Raphaël, Sanctius-Urbinas. M D. V. Enfin un manteau bleu doublé de jaune est jeté sur ses épaules. Cette belle demi-figure qui se détache sur un fond de paysage rappelle la seconde manière de Raphaël alors qu'affranchi de l'influence de Pérugin, la vue des belles œuvres antiques enflammerent son génie en lui révélant les vraies qualités dont la nature l'avait doué: le sentiment du vrai beau, la noblesse, la pureté du dessin, enfin la naïveté et la grâce. La douceur du pinceau, la suavité de la couleur, le beau sentiment du dessin qui distinguent cette ravissante demi-figure, non-seulement y ajoutent un charme inexprimable, mais encore la rendent digne du grand maître auquel elle est attribuée et de l'attention particulière des amateurs et des artistes, car ce tableau doit être en quelque sorte un des essais par lesquels Raphaël préluda à ses œuvres immortelles.