Portrait de Louis XIV, entouré de figures allégoriques. Il est représenté en buste dans un cadre ovale que soutient un génie qui le couronne. Un trophée d'armes s'élève à sa gauche; une belle figure de femme, sans doute la Guerre, à demi couchée sur des armes de toute sorte, canons, armures, montre du doigt ce trophée à l'Histoire, sous les traits d'une ravissante figure assise sur le Temps endormi à ses pieds, tandis qu'au contraire la renommée publie au loin les hauts faits qu'elle enregistre. Une exécution des plus précieuses se joint dans ce beau portrait à une touche ferme, à une grande facilité de pinceau et à une grâce admirable. Il est gravé par Poilly.
MIGNARD (Pier... le Romain), né à Troyes, en 1610, élève de Vouët. Ses parents le destinaient à la médecine, mais continuellement distrait par son amour pour l'art du dessin, étonnant tout le monde par ses précoces dispositions, sa famille se décida enfin à le laisser suivre son penchant. Il entra d'abord chez un peintre provincial nommé Boucher, puis il s'en vint à Fontainebleau où se trouvait son frère; il y étudia les peintures du Primatice, de Rosso, de Freminet, et surtout les belles antiquités qui décoraient alors ce palais; puis il entra dans l'atelier de Vouët dont il devint bientôt l'un des élèves les plus distingués. Ayant eu occasion de voir quelques tableaux que le maréchal de Créqui rapportait de Rome, échauffé par la vue de leur beauté, il projeta sur-le-champ le voyage d'Italie. C'est en 1636 qu'il arriva à Rome, où ses talents lui acquirent une réputation méritée. Le pape Urbain VIII ayant voulu voir le jeune peintre français, lui ordonna de faire son portrait. De cette faveur date sa renommée, renommée qui a rendu son nom populaire et qui ne s'est pas démentie un seul instant: rare exemple, surtout dans l'école française, où tant d'hommes d'un mérite immense sont aujourd'hui complètement oubliés