Premier groupe [La Visitation]. Il comprend, avec la figure de la Vierge, celle de sainte Elisabeth et de ses deux suivantes, toutes vues à mi-jambes. Ce groupe, sur lequel l'artiste a placé sa principale lumière, se compose si bien, qu'il pourrait se passer de son complément: aussi le regard satisfait n'y recherche aucun des accessoires qui devraient l'accompagner. La pose de la Vierge est simple et naturelle, sa coiffure d'un goût exquis, et quoi-que ses traits soient d'une grande noblesse, l'expression de son visage n'en est pas moins d'une candeur et d'une modestie admirables. L'âge, en donnant un caractère plus prononcé à la figure de sainte Elisabeth, ne lui a rien ôté de sa beauté qui le cède de peu à celle de sa jeune cousine. Sa pose est humble, mais de cette humilité qui élève et fait mieux ressortir la dignité de la personne. Ces deux figures enfin sont faites pour rappeller tout le grandiose des beautés antiques. Les mains sont admirables de dessin, et les draperies, qui accusent largement le nu, sont traitées dans le plus grand style. H. 4 p. 3 p. - L. 5 p. 9 p.
Comments in catalogue: "Ces figures ont une telle pureté de contours, le dessin en est si fier, qu'un grand nombre de connaisseurs ne craignent pas d'y reconnaître le crayon de Michel-Ange. Plusieurs même vont plus loin et croient que le grand maître a fourni à Séb[astiano] del Piombo le carton de son étonnante composition. En cela, il faut l'avouer, rien de plus conforme à ce que nous savons de l'union des deux artistes et de leur constante collaboration. On ne saurait ignorer que Michel-Ange, voulant mettre Sébastien en concurrence avec Raphaël, se l'attacha plus intimement en l'aidant de ses conseils et on lui fournissant des dessins pour une multitude de figures et de compositions que le peintre vénitien exécuta à Rome. Ce qui peut contribuer encore à fortifier l'opinion émise plus haut, c'est que notre brillante composition fut exécutée pour l'ornement du maître autel de sainte Marie de la Paix à Rome, la même où Raphaël exécuta ses Sibylles. En parlant de cette belle œuvre et en annonçant qu'elle est faite à l'huile sur le mur, Vasari ajoute que l'auteur ne l'a point achevé. " Cominciò una storia a olio sul muro e non la finì mai:" il convient ensuite que cequ'il en termina est très beau; " perciocché dove ha fatto la nostra Donna che visita santa Elisabetta, vi sono molte femmine ritratte dal vivo, che sono molto belle e fatte con somma grazia." (Vita di Sebast: di Venezia). Pour terminer, nous dirons que ces peintures sont d'un si grand style, qu'il en est peu qui, sous ce rapport, puissent se soutenir à côté d'elles. C'est qu'en effet, malgré que le temps ait agi sur les teintes en altérant un peu leur fraîcheur primitive, on y retrouve cependant toute cette vigueur de coloris que Sébastien tenait de Giorgion son maître, cette touche large, cette manière expéditive et savante, ce grand caractère de dessin qu'on n'admire que dans les chefs-d'oeuvre de Michel-Ange."