Sainte Famille. La Vierge, assise au pied d'un rocher aride, soutient de la main gauche son fils qui, nu et debout, s'exhausse sur la pointe des pieds, comme pour atteindre à son cou qu'il embrasse déjà de son bras gauche. A genoux devant la mère de Dieu, saint Jean, dont une légère peau de mouton entoure les reins, saisit avec un tendre empressement le bras qu'elle lui présente, en même temps qu'elle abaisse vers lui son doux regard avec l'expression d'une affection toute pleine de bonté. Dans la physionomie des deux enfants brille cette finesse enjouée propre à leur âge; un sentiment de joie et de bonheur anime tous leurs traits. Derrière saint Jean, deux autres enfants, pressés l'un contre l'autre, se tiennent debout, heureux de se trouver en présence de la Sainte Famille. Ce tableau ne passait pas seulement dans la Galerie du Cardinal pour un ouvrage d'André del Sarte, on se plaisait encore à le considérer comme l'une des plus belles productions de ce grand maître. Pour accepter une telle opinion, il ne faudrait rien moins, pour nous, que reconnaître évidemment dans ce tableau toutes les brillantes qualités qui annoncent les chefs-d'œuvre de notre artiste; il faudrait que, frappé par tous les signes caractéristiques dont est empreinte chacune des parties de son talent, il ne nous f-t plus possible de conserver le moindre doute; autrement, appelé à nous prononcer, nous ne saurions mettre trop de réserve dans l'énoncé de notre jugement. Ici, à côté de tout le grandiose qui brille dans les productions du maître, à côté du grand caractère de son dessin, de l'élégance de ses ajustemens, à côté, dirons-nous encore, de ce coloris si frais et si transparent, qu'il semble n'être composé qu'avec des glacis et qu'il n'appartenait qu'à lui de produire, nous trouvons cependant un peu moins d'assurance dans la touche, quelque chose de plus lisse, de moins large dans l'exécution, que dans les ouvrages qui distinguent sou talent