Conversion de saint Paul. Dans un site agreste et sauvage, au milieu d'une gorge profonde, resserrée entre de sombres rochers, un torrent impétueux et un monticule planté d'arbres d'une hauteur prodigieuse, Paul, se rendant à Damas, est assailli par une effroyable tempête. Autour de lui, la nature, déjà si sévère, acquiert un aspect encore plus redoutable; la nuée chassée par un vent impétueux se rompt au-dessus de sa tête; sous l'effort de la tourmente, les arbres sont violemment agités; les eaux, comme brisées dans leur ch-te, ne tombent plus que par jets et avec effort du lieu d'où elles s'écoulaient en cascades. C'est là que la foudre qui éclate tout à coup dans le ciel vient, en décrivant un immense sillon, frapper le tronc d'un chêne à côté du coupable. La commotion l'a renversé, lui et son cheval; on le voit étendu sur la terre, et jetant vers le ciel un regard plein d'effroi; près de lui des pâtres sont terrifiés: l'un est renversé et lève, en tombant, ses bras et ses regards vers le ciel; une femme s'affaisse sur le col de sa monture effrayée, pour éviter la foudre qui passe au-dessus d'elle; des troupeaux de vaches et de brebis se confondent en fuyant, ou s'arrêtent épouvantés. Le cheval blanc de saint Paul est demenré sans mouvement, la tête allongée sur la terre; d'épais nuages obscurcissent l'atmosphère; l'horizon seul, encore, est coloré d'une vive lumière dont s'éclaire une partie du paysage, qui change incontinent d'aspect en s'éloignant du gouffre. Alors commencent des coteaux verdoyants, semés de quelques belles fabriques que baigne une rivière, au delà de laquelle une chaîne de montagnes termine le point de vue. Cet admirable paysage est connu depuis long temps à Rome sous le nom de l'Orage du Guaspre. Le peintre semble avoir voulu y défier Salvator, tant par l'énergie et la prestesse de la brosse, que par l'aspect grandiose et imposant du site, et par l'effet général qui n'imprime pas moin