Cosme I. élu duc de Florence à l'âge de 18 ans. Sur un trône, élevé sur des gradins de marbre blanc et surmonté d'un baldaquin noir, le jeune prince, habillé de deuil, a pris place entre deux dames également en deuil, probablement les veuves d'Alexandre et de Jean surnommé l'invincible. Cosme a les mains étendues et les regards baissés vers deux seigneurs agenouillés à ses pieds, et dont l'attitude, pleine de respect, annonce de leur part un acte de soumission et de fidélité. Tous les sénateurs attendent debout le moment de s'approcher à leur tour, pour prêter foi et hommage à leur jeune souverain. Cette cérémonie a lieu dans une des salles du palais ducal et emprunte à l'architecture qui la décore quelque chose d'imposant et de solennel. Ce tableau paraît être la première pensée d'une grande composition destinée à la décoration d'un palais, si l'on en juge par un immense arceau, peint en grisaille, qui entoure le sujet et sur lequel sont représentées, de chaque côté d'un écusson armorié, des figures allégoriques rappelant, sous l'emblème de deux esclaves enchaînés, les victoires des Médicis. Sur l'entablement, où s'appuient les deux extrémités de l'arc, sont personnifiés, d'un côté l'Arno, de l'autre la ville de Florence qui, revêtue d'un manteau d'hermine, le lion à ses pieds et la main gauche appuyée sur la fleur de lys rouge, élève de la main droite la couronne ducale qu'elle semble présenter au jeune prince. Déjà si intéressante par son sujet, cette brillante composition ne l'est pas moins par la rareté des ouvrages de Cigoli: le style en est élevé, l'exécution d'une grande manière, et le coloris, d'une beauté remarquable, est encore rehaussé par une telle entente du clair-obscur, que l'effet du tableau est des plus admirables. Les expressions sont très naturelles et pleines de noblesse, et, malgré sa petite dimension, ce bel ouvrage doit être rangé parmi ceux qui ont assuré à son auteur l