Un Crucifiement. A la mort du Sauveur le soleil s'était obscurci, et depuis la sixième jusqu'à la neuvième heure, dit l'Evangile, la terre fut couverte de ténèbres. Or Marie, mère de Jésus, Marie-Madeleine et Saint Jean sont au pied de la croix où le fils de Dieu vient de mourir. Quelques faibles rayons de lumière qui percent l'obscurité éclairent vivement le Christ et descendent leurs pâles lueurs sur les trois autres personnages. L'artiste a merveilleusement compris que la mort de l'auteur même de la vie, mort volontaire et pleine d'amour, ne devait ressembler à celle d'aucun homme, aussi l'a-t-il empreinte des traits qui conviennent à son auguste caractère. La force, la beauté, le calme qui naît de la puissance et l'amour survivent mystérieusement chez la noble victime; on dirait d'un sommeil ou plutôt d'une mort limitée d'avance, et de laquelle l'espérance ne s'est point éloignée. Debout et dans l'ombre à quelques pas de la croix, la mère de douleur, comme l'appelle l'écriture, vient d'éloigner le mouchoir avec lequel elle couvrait ses yeux, et semble un instant faire trêve à ses larmes pour contempler son fils. Mais, à cette vue un nouveau sentiment de compassion et d'effroi la pénètre; on le trouve éloquemment exprimé dans le geste de sa main gauche qu'elle écarte soudainement et dans la douloureuse fixité des regards qu'elle attache sur la croix. La blancheur de son mouchoir et de sa coiffe, la pâleur de son visage, celle de son bras gauche à demi-nu ressortent complètement sur l'ensemble de son costume composé d'une tunique brune et du manteau noir qui enveloppe sa tête et une partie de son corps. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix parait craindre d'approcher son charmant visage du bois sacré qu'elle presse de la main gauche. Abîmée dans la plus profonde aflliction, ses yeux sont clos à la lumière; son bras droit nu reployé sur son cœur indique le poids qui l'oppresse; ses beaux cheveux blond
Comments in catalogue: "Metsu! De quel peintre nous avons à parler! à son nom seul s'attache l'idée d'une si grande habileté et d'une telle perfection que, quelque part qu'on le prononce, on est s-r d'éveiller l'attention des amateurs. Où ce grand peintre puisa-t-il les principes de son art? on l'ignore. Parmi les auteurs qui en parlent, les uns ont dit qu'il était présumable que les tableaux de Gérard Dou et de Terburgh lui avaient servi de modèles; d'autres que ses ouvrages présentaient les mêmes sujets et avaient le même fini que ceux de François Mieris; d'où quelques faiseurs de livres ont doctement conclu qu'il devait, à coup s-r, avoir été tout à la fois imitateur de ces trois maîtres. Et, c'est ainsi que se fait l'histoire des peintres! voilà la source où l'on va puiser la connaissance de leurs ouvrages! Tout ce que l'on peut recueillir de plus positif de ces divers indices, c'est que les ouvrages de Metsu ont assez de rapport avec ceux de Terburgh pour qu'il soit permis de supposer qu'il les a d'abord pris pour modèles. Mais combien ses femmes, si pleines d'agréments, l'emportent en charmes et en grâces sur celles de Terburgh! comme il lui est supérieur dans la manière de dessiner les figures et les mains! et qu'il est surtout facile aux connaisseurs de convenir avec nous que toujours ses choix sont plus heureux que les siens! D'autre part, que l'on établisse une comparaison entre Metsu et Gérard Dou pour le précieux fini, que l'on établisse même sous ce rapport une sorte d'égalité entre leurs ouvrages; cela peut se faire, sans qu'on doive en conclure que l'un des deux a imité l'autre. Car ce précieux fini, qui les recommande également, n'a en Vérité aucune ressemblance, et la différence est immense entre la manière dont chacun d'eux l'a rendu. La touche de Gérard Dou est-elle plus recherchée, plus minutieusement scrupuleuse? celle de Metsu est plus large et plus libre. Quant à ceux qui l'on fait imitateur de Fr
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